Citation du maintenant


" Книга - друг челавека. " (Livre - ami de l'Homme)

- Proverbe Russe

20 oct. 2010

Relire. Revoir. Ré-écrire. Repenser. Rechercher. Revivre. Re.

       J'ai fait des recherches, ces derniers jours. Grâce à des carnets tenus par les Jésuites dans lesquels ils tenaient compte de ce qui se passait dans les colonies, j'ai découvert que mon ancêtre est arrivé en Amérique en 1641. Un homme de 24 ans, seul. Sa mère, restée en France, est morte 4 ans plus tard. J'imagine difficilement les adieux qu'ils se sont faits.

       La famille entière est descendue de ce seul homme, un bâtisseur, un self-made-man qui ne savait même pas signer son propre nom en mettant les pieds sur le nouveau continent. À sa mort, il était comptable pour Samuel de Champlain et juge seigneurial, un homme important possédant une  bonne librairie dans un monde où les livres étaient une denrée rare. Entre ces deux événements, il a été maître charpentier et a participé à la construction de forts près de Trois-Rivière. Il a aussi participé à une attaque contre les Iroquois, comme volontaire - puis il est resté captif des amérindiens pendant 11 semaines, avec deux de ses camarades. Seulement lui et un camarade sont revenus - l'autre a été brûlé par les Iroquois.

       J'ai découvert ça et puis je me suis senti fier. Je me demande si cet homme a pensé un seul instant qu'un de ses innombrables descendant serait fier de lui 400 ans plus tard.

       Je pense prendre son nom comme un de mes noms de plume.

*     *     *

       Revoir un film, pour mieux le comprendre. Ça m'arrive, quelques fois. Hier, j'ai ré-écouté Made in U.S.A. de Jean-Luc Godard. Je n'ai pas grand chose à en dire, à part que le cinéma, c'est plus vaste que ce que le divertissement nous laisse croire. Le langage est complexe, riche, beau. Une image peut être comprise peu importe la langue que l'on parle - de la musique visuelle. Des émotions, ça n'a pas besoin de mots - d'ailleurs, les émotions sont quelque chose de trop important pour qu'on les fixe à des mots.

*     *     *

       J'ai cette chanson dans la tête depuis quelques jours. Je l'écoute souvent. Je la joue aussi. Les paroles me parlent. Schism, du groupe de métal progressif Tool, tiré de l'album Lateralus.

"Schism"

I know the pieces fit cuz I watched them fall away
Mildewed and smoldering. Fundamental differing.
Pure intention juxtaposed will set two lovers souls in motion
Disintegrating as it goes testing our communication
The light that fueled our fire then has burned a hole between us so
We cannot see to reach an end crippling our communication.

I know the pieces fit cuz I watched them tumble down
No fault, none to blame it doesn't mean I don't desire to
Point the finger, blame the other, watch the temple topple over.
To bring the pieces back together, rediscover communication

The poetry that comes from the squaring off between,
And the circling is worth it.
Finding beauty in the dissonance.

There was a time that the pieces fit, but I watched them fall away.
Mildewed and smoldering, strangled by our coveting
I've done the math enough to know the dangers of our second guessing
Doomed to crumble unless we grow, and strengthen our communication.

Cold silence has a tendency to atrophy any
Sense of compassion
Between supposed lovers/brothers


       C'est une de ces chansons qui porte des émotions complexes, sans que les mots aient à intervenir. Une de ces phrase d'un langage universel. Un film sans image. Une histoire sans mots.
       Et le texte nait de lui-même à travers ça.

*     *     *

       Je retravaille des textes, et j'en commence de nouveaux. J'ai beaucoup d'idées, mais elles ne sont pas encore mûres. Quand j'étais jeune, j'adorais grimper aux arbres pour aller chercher des pommes - ou pour ne rien aller chercher du tout. Les pommes, c'est meilleurs quand on grimpe pour aller les chercher. Ça a l'air simple, dit comme ça, mais faut pas se laisser berner. Aller aux pommes, ça signifie quelque chose. Maintenant, mon pommier, c'est des idées qui y poussent. Des idées de textes. Et j'ai grandit. Je sais maintenant que quelques fois, il vaut mieux être paresseux et laisser les pommes tomber d'elles-même, sans trop s'en faire. On pense à Newton puis on se dit, mouais, je crois que je vais piquer un somme au pied de mon pommier. Et puis on en reçoit une sur le crâne. L'idée est prête. On l'a vu naître, grossir, passer de vert à rouge, lentement. On savait ce qu'elle était, mais pas ce qu'elle deviendrait. Il faut être paresseux des fois.

       Je grimpe encore à mon pommier, des fois, mais pour le simple plaisir de grimper. Je laisse les pommes à leur place, sagement. Je grimpe sans raison, comme je le faisais parfois quand j'étais petit. C'est une des seule sagesses d'enfant qu'il me reste encore.

5 commentaires:

  1. Je n'ai pas eu l'occasion de visionner le film de Godard auquel tu réfères, mais je comprends l'intérêt que tu portes à l'égard de ce réalisateur de la Nouvelle Vague, l'un des plus grands à mon avis. D'ailleurs, si tu as le temps et l'intérêt, je te recommande les deux ouvrages de Gilles Deleuze sur le cinéma, soit "L'image-mouvement" et "L'image-temps", qui sont à la fois une réflexion philosophique sur cet art relativement nouveau dans l'histoire de l'art, et une agréable façon de découvrir des réalisateurs plus méconnus (Deleuze en nomme à foison, faisant même référence à des réalisateurs québécois ; je pense ici à Pierre Perreault).

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  2. Et je suppose qu'on ne saura ce nom dont vous êtes fier seulement à votre première publication!
    Grrr.., j'aime la généalogie, moi. Je vais chercher qui était le comptable de Samuel de Champlain.

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  3. @David : Merci pour les titres de bouquins. J'aime beaucoup Gilles Deleuze au départ, ses idées m'ont beaucoup influencé dans l'articulation de mon écriture. Je vais certainement y jeter un oeil!

    @ClaudeL: Le nom de cet ancêtre sera un de mes noms de plume, je compte en avoir plusieurs. Et Champlain avait plusieurs comptables, un par seigneurie. Je te dis donc : bonne chance. = ]

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  4. Bonjour,

    J'aimerais bien oublier une fiction de vous dans mon blogue Le Chat Qui Louche.

    Alain G.

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  5. @maykan : Votre demande me touche. Ça me ferais plus que plaisir de vous offrir un texte pour fin de publication sur votre blog. Je n'en ai aucun sous la main qui ne soit terminé sans être déjà destiné à une fin précise, mais dès que j'en aurai un de disponible, je vous ferai signe via l'addresse internet que vous affichez dans la section mentorat de votre blog. Merci!

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