Citation du maintenant


" Книга - друг челавека. " (Livre - ami de l'Homme)

- Proverbe Russe

23 oct. 2010

Extrait.

       Mon cours Atelier d'écriture II lors duquel j'ai eu la chance d'avoir René Lapierre comme enseignant a été un point tournant excessivement important dans mon rapport à l'écriture et à la lecture, dans la manière que j'avais de m'exprimer par écrit et de comprendre les écrits des autres.

Chemin de fer trans-sibérien.
       Comme travail de fin de session, M. Lapierre nous a demandé de composer un essai réflexif sur notre rapport à l'écriture. Cette réflexion/composition a elle aussi été d'une énorme importance pour moi. La confiance que j'y ai acquise a été déterminante, complémentaire à celle que j'ai acquise durant l'atelier même.

       J'ai décidé de publier ici une partie de cet essai, partie qui précède la conclusion. Je ne suis pas absolument certain de ce que je désire accomplir en publiant ça ici. Je crois que j'ai simplement besoin de partager le fil de mes pensées avec d'autres.

       J'en publierai peut-être d'autres extraits éventuellement.



Voyages
Le mouvement représente mieux l'écriture que la destination – cela m'est clair. La vie même est un mouvement, et son langage s'élabore de diverses manières; dans mon cas, par l'écriture, entre autres. « […] La pensée peut secouer son modèle [en se définissant] dans le mouvement d'apprendre et non dans le résultat de savoir.1 » Ou encore : « Ce qui compte dans un chemin, ce qui compte dans une ligne, c'est toujours le milieu, pas le début ni la fin.2 » Jaillir du milieu, donc, en cours de route. C'est le cheminement à travers (autour n'existe qu'en théorie; dans les faits, tout est toujours en travers de quelque chose) qui offre des vues intéressantes, desquelles on pourra se nourrir. L'image du train en représente l'essentiel. La présence se résume à la ligne, dans sa continuité, son mouvement – le début et la fin sont élidés, ou plutôt, transfigurés. La pensée n'est pas faite d'une simple ligne, mais de plusieurs – et début et fin existent tout de même sous la surface, de manière éphémère. Ils ne résistent aucunement au temps; ils deviennent des traces dont on peut avoir un souvenir presque insaisissable : des points de rencontre. Les idées se fondent, évoluent. L'horizon intellectuel jouant son rôle, ces idées s'agglutinent à notre imagination – les moments délicieux de Camus. Mon rapport à l'écriture est donc fondamentalement dynamique. Ce que j'écris honnêtement aujourd'hui sera peut-être pour moi un mensonge demain, ou en était peut-être un hier; qu'importe. L'honnêteté ne peut s'établir que dans l'ici et le maintenant. La seule temporalité divergente qui soit d'une réelle importance est celle qui place l'auteur avant son œuvre : « l'Auteur est censé nourrir le livre, c'est-à-dire qu'il existe avant lui, pense, souffre, vit pour lui.3 » Tout le reste est présent, sans début ni fin.


1Gilles Deleuze et Claire Parnet, Dialogues, Paris, Éditions Flammarion, 1996, p.32.

2Ibid, p.37.

3Roland Barthes, Le bruissement de la langue, Paris, Éditions du Seuil, 1984, p.64.

6 commentaires:

  1. Ma phrase préférée, s'il en faut une, est: "Ce que j'écris honnêtement aujourd'hui me sera peut-être un mensonge demain, ou m'en était peut-être un hier;", mais personnellement je dirais que dès le premier mot, tout est mensonge. Mensonge au sens où déjà ce n'est plus pareil.
    J'espère que vous aurez une bonne note.

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  2. Je crois que je partage cette idée que l'écriture est voyage et mouvement plutôt que destination. (Ça expliquerait d'ailleurs pourquoi je suis partisane des fins ouvertes... je déteste avoir à terminer nettement un texte)

    Et en voyageant longtemps, on apprend à voyager mieux.

    Merci de nous faire partager cette réflexion. C'est toujours intéressant d'entrer "dans la tête" des autres, dans leur démarche.

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  3. Wow... il a fallu que je relise plusieurs fois ton billet. C'est rare que lis plus de 2 fois un même billet.
    Mon passage favoris:«La pensée n'est pas faite d'une simple ligne, mais de plusieurs – et début et fin existent tout de même sous la surface, de manière éphémère. Ils ne résistent aucunement au temps; ils deviennent des traces dont on peut avoir un souvenir presque insaisissable : des points de rencontre. Les idées se fondent, évoluent.»
    J'aime bien ta prose. Je ne suis pas du style métaphorique. Je suis pas capables de bien écrire en métaphore. Par contre, j'aime lire ce style quand il est bien écrit et je dois dire que je trouve que tu «métaphorises» très bien. 3 morceaux de robot.

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  4. @ClaudeL : j'ai remis ce travail au mois d'avril, c'était pour mon cours de la session d'hiver. Je suis très satisfait de la note que j'ai eue. Je te remercie tout de même. = ]

    @Gen: J'adore lire les réflexions des autres, également, c'est surement ça qui, en partie, m'a poussé à publier ce billet.

    @Isa: Trois morceaux de robots! = D
    Y m'en manque combien pour un robot complet?

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  5. Humm! Je ne me rappelle plus combien de pièces il y avait dans Math et Matique les robots dans les Satellipopettes. Zut! (Mon chum dit 10... à vérifier.)

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  6. Moi, ma phrase préférée est : « L'honnêteté ne peut s'établir que dans l'ici et le maintenant. », parce que c'est dans le moment présent que se fait le contact entre ce qui est plus grand que soi (pour te paraphraser) et le petit écrivain que nous sommes.
    Merci pour cette belle réflexion.
    Décidément, il se dit de grandes choses, ici. Ton blogue fait désormais partie de mes blogues préférés sur Roman en chantier (Mon blogue d'écrivain).
    À bientôt ! :o)

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