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" Книга - друг челавека. " (Livre - ami de l'Homme)

- Proverbe Russe

27 sept. 2010

L'Université, la télévision et moi

       L'Université, c'est bien. Probablement la meilleure chose qui me soit arrivée. J'aime ce que je fais, et ce que j'aime faire, j'apprends à le faire encore mieux - c'est-à-dire, écrire. Des profs incroyables, des cours intéressants, une gang de nouveaux amis. Mouais, l'Université, c'est bien. 
       Ceci dit, des fois, c'est moins bien. La session de l'hiver passé, mon cours de roman best-sellers m'a apprit une chose : je ne veux absolument pas écrire de best-sellers. Trop de contraintes, et abandonner ma manière de présenter des idées afin de rendre tout ça plus accessible à un public moins scolarisé (le lecteur de best-seller typique est une femme agée entre 25 et 45 ans n'ayant pas terminé son Cégep; c'est pas moi qui le dit, c'est les statistiques), c'est pas mon idéal de l'expression de soi par l'écriture. Mais j'ai suivi ce cours quand même, me disant que ce serait intéressant de voir un autre aspect de la littérature. Bref, ça n'a pas été mon cours préféré, mais j'y ai tout de même apprit des trucs.
 
       Cette session-ci, j'ai un cours atelier d'écriture télévisuelle. Si best-seller, c'était moins bien, ce cours-là, c'est encore une coche plus bas. « Mais regardez-le donc se plaindre. » Non, je ne me plaints pas : sur une classe de 30-quelques étudiants, nous sommes 3 mâles (hehehe), dont un homosexuel qui s'affiche. Non, c'est simplement que la télévision impose un format encore plus restrictif que le roman best-seller. Si j'ai envie que mon héro meurt dans une explosion, eh bien, je ne peux pas, pour deux raisons : 1- si le héro meurt, je ne pourrai pas tirer plus de jus de mon projet avec une seconde saison et les producteurs ne seront pas contents et 2- faire exploser des choses, ça coûte cher, et les producteurs ne seront pas contents. Bref, ça m'emmerde de me faire foutre des bâtons dans les roues. Si sur papier, je veux me plaire à faire crever toute une ville dans une série d'explosions nucléaires, une fois à la télé, j'ai les mains liées parce que les effets spéciaux coutent trop cher. Si j'ai envie qu'un personnage vive une scène de sexe extra-conjugal incluant la présence d'une chèvre, une fois à la télé, j'ai les mains liées parce que ma case horaire est de 19h à 20h et que les enfants sont encore debout - et puis il y a certainement un usage d'effets spéciaux concernant la chèvre, effets qui coûtent trop cher. Pas que c'est le genre de trucs débiles que j'écris, mais vous comprenez l'idée. 
       J'ai prit le cours d'atelier d'écriture télévisuelle et je me rend compte que j'emmerde sérieusement la télé. Simplifier mon discours, réduire mes moyens, censurer mes idées, affronter des producteurs. Tout ça alors que je pourrais être devant mon clavier à écrire tout ce qui me tente, de la manière qui me tente. Étrangement, j'en vois pas l'intérêt. 
       Mais encore ici, j'apprends des trucs. La théorie télévisuelle pour la construction des personnages est intéressante et je me rend compte que, sans la suivre de manière rigoureuse, j'en utilise certains concepts depuis plusieurs années. Autrement dit, j'arrive tout de même à me retrouver quelque part dans ce foutoir. Alors l'Université, c'est bien, même quand c'est moins bien. 
       Et puis les chèvres, c'est bon.

12 commentaires:

  1. Le choix de cours semble varié en tout cas. Quel programme et quelle université?

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  2. UQAM. Certificat en création littéraire.

    Un petit aperçu du choix de cours :

    Psychologie de la création
    Théorie de la création (qui se trouve à être plutôt approche philosophique de la création)
    Roman Policier
    Roman fantastique
    Robots et automate dans la littérature
    Roman Jeunesse
    Atelier d'écriture I et II
    Atelier d'écriture jeunesse
    Littérature de science-fiction
    Corpus d'auteur
    Corpus québécois
    Corpus français
    La littérature des femmes latino-américaines

    etc etc etc

    Les cours offerts varient de session en session, faut être chanceux et espérer avoir ce qu'on veut. Ça n'a pas été le cas pour moi cette session-ci, ce qui explique ma présence dans le cours d'écriture télé...

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  3. Hum, tu me donnes dangereusement le goût de retourner chez maman-Uqam (j'y ai passé 6 ans). :p

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  4. Pour être honnête, je sais pas comment je vais survivre quand mon certificat va être terminé. Déjà que j'ai trouvé mon été-pas-de-cours long et pénible, me dire que je n'ai plus de cours à suivre pour mon diplôme, ça va être un coup difficile à prendre. Peut-être faire le Bac et la Maîtrise en création littéraire? J'en sais rien encore. Je songe aussi à faire Creative Writing à McGill - je compte écrire autant en français qu'en anglais.

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  5. Bin ça! Je ne réalisais pas qu'écrire, ça pouvait s'apprendre dans le détail comme ça... avec diplôme à la clef et tout. Je dois être un vieux croûton: "de mon temps, yavait pas ça!".

    Ceci dit, rapport à tes désillusions télévisuelles et "bestsellerantes", tout dépend de ton but. Si tu veux vivre de ton art (et ce qui suit est également valable pour tout art, hein, pas juste l'écriture. C'est pareil en musique ou en peinture), si tu veux vivre de ton art, donc, bin faut le vendre... :(

    Et pour le vendre, bin faut cibler un marché. Les jeunes? Les ménagères de 25-45 ans? Qui, alors, lirait tes oeuvres? Faut se le demander... Tout ça peut paraître déprimant, mais je me dis qu'en vendant bien quelques oeuvres, tu peux te permettre de te faire plaisir par ailleurs, de temps en temps, en écrivant ce que tu veux? Enfin, chais pas, chacun vois midi à sa porte... Et c'est peut-être la mauvaise façon de voir les choses, mais c'est en tout cas ce que tu sembles apprendre à la fac. Bon courage avec les cours en tout cas!!

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  6. @Alex: Je comprend tout à fait ce que tu dis, j'en ai totalement conscience. C'est d'ailleurs pour ça que je compte faire un Bacc en traduction : gagner ma vie.

    Et puis le Certificat, c'est pas "apprendre dans le détail comment écrire," loin de là. C'est plutôt "on vous montre plusieurs approches et plusieurs techniques que vous pouvez employer pour produire un texte de manière à exprimer quelque chose tout en vous faisant comprendre par le lectorat que vous visez." Ou quelque chose dans ce genre là.

    J'ai vu des gens de tous les genres dans mes cours. Ceux qui avaient un talent embryonnaire et qu'ils ont pu faire éclore, ceux qui avaient un talent développé au départ et qui l'ont développé encore davantage, ceux qui n'avaient simplement aucun talent et qui n'en ont pas plus maintenant, et toutes les autres variations possibles.

    Dans le domaine artistique, s'améliorer passe énormément par la manière dont on digère la critique. Marcher sur son orgueil et tout le tralala que ça implique. Eh bien beaucoup de gens en sont simplement incapable.

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  7. @Frost : "Dans le domaine artistique, s'améliorer passe énormément par la manière dont on digère la critique. Marcher sur son orgueil et tout le tralala que ça implique. Eh bien beaucoup de gens en sont simplement incapable."

    Amen. Mais ça s'applique aussi dans la vie en général.

    Pour le contenu des cours : ben tu obtiens l'équivalent de 10 ans d'ateliers littéraires en concentré on dirait ;)

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  8. @Gen : Et j'ai eu René Lapierre comme prof pendant toute une session d'atelier!!!!! =D

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  9. Ça me rappelle le ski alpin: il y avait ceux qui, comme moi, ont pris six ans pour apprendre le christiana et ceux qui, en quelques sessions avec un professeur y arrivait...
    Comme Alexandre, il n'y avait pas ça non plus "dans mon temps" alors j'ai pris des années aussi à apprendre... en lisant.

    Curiosité en passant: pourquoi dans le dernier commentaire, tu parles de René Lapierre à Gen?

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  10. oups: "avec un professeur y arrivaient".

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  11. @ClaudeL: en ex-UQAMienne, j'ai pensé qu'elle le connaissait surement. Et c'est un type hyper sympathique, un prof incroyable et un écrivain super intéressant. J'ai été vraiment content de ma session avec lui, j'ai jamais autant appris!

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  12. Oh my God! J'ai l'impression de lire la désillusion vécu il y a 10 ans quand j,ai fait mon cours à l'UL. Je rêvais, en bonne étudiante, de changer le monde et d'informer de ma plume de journaliste. Niet!
    Un journaliste doit vivre avec les contraintes des nouvelles qui vendent. Et juste ce qui vend. On est à une époque de désinformation... totale.
    J'ai vraiment déprimée. On informe pas les gens de ce qui est important et en plus, on fait disparaître d'autres informations parce qu'on risque de perdre du financement. Grrr! Quel beau monde d'hypocrites.
    Et le journalisme télé... pas tellement mieux, même pire, parce que c'est du instantané. Pas le temps de faire de recherche: on y va live.

    Mais bon, l'université c'était le bon temps. Profites-en bien.

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