William Turner. Rain, Steam and Speed - The Great Western Railway. 1844. |
Parfois, vous marchez. D'autres passagers vous croisent. Ils ne parlent pas. Comme vous, ils songent au sens de la vie, de l'existence – mais certainement pas en ces termes. On peut le voir dans leurs yeux noyés, leurs gestes lents. Absents, ils vous saluent poliment, puis referment leurs cryptes, de peur que de vieux démons ne leur sortent de la gueule sur un long ressort grinçant. Votre solitude revient.
Les choses prennent d'étranges saveurs lorsqu'elles défilent sans forme au ras de votre fenêtre. Votre vision est un canevas. Puis, sans que vous vous y attendiez, tout tombe. Le sol s'effondre, une vaste étendue s'ouvre, votre souffle se fend et vos mains se crispent. Le train vole sur un pont. Le rire des rails bourdonne toujours, peut-être un peu plus insistant, pour dissiper votre sensation d'envol. L'instant d'après, le ciel se rompt. Un arbre d'automne vient emplir votre champ de vision. Le train vogue sur de l'or. Ainsi, la nuit s'annonce. Vous ne voulez plus voir ni source, ni but. Vous vous endormez, le train continue sa course. Vous rêvez. Un oiseau maladroit vous frôle le nez.
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