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" Книга - друг челавека. " (Livre - ami de l'Homme)

- Proverbe Russe

14 nov. 2010

Étrange sentiment.

Relativity, Escher, 1953
       Au début de la semaine dernière, Alain Gagnon a publié un de mes textes sur son blogue.

       J'ai maintenant une semaine de recul pour évaluer tout ça. L'expérience de voir un de mes textes affichés à travers une volonté autre que la mienne, ça a été une expérience assez particulière. Il faut comprendre que c'est ma première publication. Je croyais que j'aurais plus de sentiments vifs en voyant mes écrits publiés de la sorte, mais en fin de compte, ça ne m'a presque pas fait un pli. En fait, j'ai même un peu perdu intérêt dans mon texte. J'étais friand de le publier (oh, wow, ma première publication!) mais finalement, ça a passé un peu à plat. Pas que je regrette l'expérience, c'est plutôt que l'écriture de ce texte a été beaucoup plus intéressante que le fait de le voir publié. Je voyais plusieurs défauts, je savais que j'aurais pu faire telle ou telle chose de telle autre manière, je me trouvais un peu con de pas avoir fait telle ou telle chose. Bon, l'histoire un peu typique, je crois. Mais c'est réellement le désintérêt envers le texte qui m'a quelque peu secoué. Comme un jouet avec lequel j'aurais eu terminé de jouer, un peu fatigué de le voir autour de moi. Plutôt étrange, je croyais  que mon rapport à l'écriture était d'une autre nature - mais est-ce que c'est le rapport à l'écriture qui est concerné quand on se voit publié? Je sais que ce que j'ai voulu dire par ce texte était honnête au moment de l'écriture, alors je ne regrette absolument rien - ce sont d'ailleurs des idées qui m'habitent encore. Je suis également heureux d'avoir enfin une première publication (l'usage du terme enfin dans cette phrase m'est venu spontanément... ça aussi c'est intéressant).

       Bref, je me vois continuer à écrire et à publier, mais je sens que je vais avoir de la difficulté à faire face à mes écrits après-coup. Pas par difficulté de les assumer (encore ici, le concept de l'honnêteté au moment de l'écriture) mais plutôt par... j'en suis pas certain, en fait. Désintérêt, oui, mais ça je l'ai déjà dit et je sens qu'il y a quelque chose de plus profond, de plus difficile à saisir.

       Peut-être par vague sentiment d'ennui. Comme si, maintenant qu'il est publié, il ne s'agissait plus que d'un bibelot auquel je ne peux plus rien changer. Comme un vase qu'on aurait pris tant de plaisir à faire - au moment de le sortir du four, cuit, on se rend compte qu'on ne peut maintenant plus y toucher, seulement le regarder d'un air un peu ébahis,  niais, sans trop savoir quoi en faire. Alors on le laisse là. Et il commence à prendre la poussière. À la différence ici que le texte ne peut pas prendre la poussière : d'autres le manipulent et l'interprètent - le ré-écrivent, en un certain sens.

       Au bout du compte, je crois que j'aurai de la difficulté à faire face à mes textes, mais que je prendrai grand plaisir à faire face aux critiques et aux analyses. Je suis une personne qui analyse beaucoup, peut-être trop, mais c'est parce que j'y prend plaisir. J'aime le plaisir intellectuel qu'amène l'élaboration d'idées, de concepts. J'aime faire des liens entre les éléments et voir les structures qui s'élaborent. Ça ressemble souvent à des peintures d'Escher.

       Bref, je crois que, malgré mon ennui, je vais arriver à trouver mon compte dans toute cette histoire.

      

3 commentaires:

  1. J'ai connu le même sentiment après ma première publication... et après chaque suivante. Le moment où le texte est publié est exaltant. Puis on le relit... et, comme tu dis, il nous fait l'effet d'un bibelot. Un truc qui ne nous sert plus à grand chose.

    Alors on le met à sa place, sur une tablette, et on commence à travailler sur le texte suivant ;)

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  2. C'est ce qu'on appelle s'en détacher. Étapes normales de l'accouchement, naissance et laisser vivre hors du créateur. Il faut laisser aller sinon, on est comme Cézanne qui avait du mal à vendre ses oeuvres tellement il voulait les retoucher indéfiniment.
    C'est devenir adulte: laisser aller nos enfants qui ont ensuite leur propres vies.
    Je pense en tout cas.

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