Citation du maintenant


" Книга - друг челавека. " (Livre - ami de l'Homme)

- Proverbe Russe

21 déc. 2010

Jeux vidéos.

       On dirait que plusieurs personnes de la génération de mes parents (figurez, les gens nés avant 1960, grosso modo) ne comprennent pas l'importance que les jeux vidéos ont pris dans le monde du divertissement. Je fais parti des premières générations qui ont grandi avec les jeux vidéos. J'ai reçu un Nintendo-NES à mon anniversaire de cinq ou six ans. Puis ça a été un Gameboy - celui qui pesait 10 livres avec un écran noir et blanc. Ensuite, j'ai eu une console éducative. Puis mes parents m'ont donné le choix entre un Sega Genesis et un Super Nintendo; j'ai choisi le SNES. Quelques années après, c'est un ordinateur qui est entré dans la maison, avec toutes les opportunités de jeux que ça implique. Simcity, Warcraft, Command & Conquer, Duke Nukem, etc.

       Les jeux vidéos, c'est un gros morceau de notre culture. Mais on dirait que les gens des générations précédentes, qui ont vu les jeux vidéos débarquer dans leur société de consommation alors qu'ils étaient eux-mêmes adultes, ont eu la forte tendance à associer jeux vidéos et enfants - pour ne pas dire enfantillages. Un Nintendo, c'est pas sérieux. Ben non, c'est pas sérieux, pas plus sérieux qu'une planche de Monopoly ou de Serpent et Échelle. Pas plus sérieux qu'un mot croisé.

       J'ai vingt-cinq ans. Je consomme toujours une bonne quantité de jeux vidéos. J'ai grandit avec ça, c'est un divertissement familier. Et dans tout ça, on dirait que les générations précédentes ont pas conscience du fait que, à trente ans, les gens de ma génération vont encore consommer des jeux vidéos. Puis à quarante ans, encore. Puis à cinquante ans. Autant le mononcle rocker qui écoutait du Charlebois dans les années 70 trippe encore à écouter ses viniles maintenant qu'il a 60 ans, autant les gens de ma génération vont aimer jouer à des jeux vidéos rendu au même âge. Comme le décalage générationnel qui sépare les générations Gamers des générations non-Gamers est encore présent dans la société, j'ai l'impression que beaucoup de gens ne réalisent toujours pas que, rendu à quatre-vingt cinq ans, je vais voir mon petit fils jouer à Final Fantasy 45 sur son Playstation 19 et je vais lui raconter les vieilles aventures de Cloud dans Final Fantasy 7, sur le premier Playstation, en 1997, dans le temps que les graphiques étaient encore juste en 64 bits. Et puis je vais surement chialer sur le fait que dans le temps de FF7, le système de power-up avec les Materia pis les Summons étaient ben mieux fait pis ben moins compliqués. Puis à mon aniversaire de quatre-vingt six ans, le même petit fils va venir passer une journée avec moi pour me montrer comment il fonctionne, le nouveau FF45, et puis je vais me rendre compte que, finalement, c'est vraiment l'fun.

       Quand je vais être vieux, les soins gériatriques vont être pas mal plus simples. Une  grosse TV, une console, 16 manettes, pis go les vieux, vous faites un Death Match de Unreal Tournament pendant que l'infirmière va fumer dehors 2 minutes.

17 déc. 2010

Ce n'est pas moi qui parle.

Фёдор Михaйлович Достоeвский
Fyodor Mikhaïlovitch Dostoïevski
       Ce n'est pas moi, non : c'est Dostoïevski.

       « Le sang et le pouvoir enivrent; l'abrutissement et la débauche se développent; l'esprit et les sentiments finissent par comprendre, et, finalement, aimer, les phénomènes les plus anormaux. L'Homme et le citoyen meurent pour toujours dans le tyran, et le retour à la dignité humaine, au remords, à la renaissance, lui deviennent quasiment impossible. »

       « La réalité est infiniment diverse, comparée à toutes les déductions, même les plus futées, de la pensée abstraite et elle ne souffre pas les distinctions trop fortes, trop violentes. La réalité tend à la fragmentation. »

       Ces deux citations sont tirées du roman Les carnets de la maison morte.

       « Le ciel était terriblement obscur, mais on pouvait nettement distinguer les nuages, avec, entre eux, des taches noires insondables. Tout à coup, dans l'une de ces taches noires,  j'ai remarqué une toute petite étoile, et je me suis mis à la regarder fixement. C'était parce que cette toute petite étoile m'avait donné une idée : j'ai décidé de me tuer cette nuit-là. »

       « À la fin, ces Hommes s'épuisèrent dans un travail absurde, et la souffrance parut sur leur visage, et ces Hommes proclamèrent que la souffrance est la beauté, car seule la souffrance est porteuse de pensée. »

       Ces deux ciations sont tirées du récit Le rêve d'un Homme ridicule.



       Il y a de ces auteurs qui « sonnent juste. » Dostoïevski en est un. Je peux également nommer Camus, Kundera, Auster, Tunström, Laferrière, Faulkner... La moindre étincelle d'humanité, ils la saisissent, se l'approprient, soufflent tranquillement, patiemment dessus, puis en font une flamme, un petit feu, un foyer en bonne et due forme - parfois, ils vont jusqu'à en faire un brasier, au point où ils en perdent le contrôle - et les mots se dotent d'une vie qui leur est propre, hors de tout intellect. L'auteur voit ses mots le dépasser, tout ravager, tout consumer.

       Et quand cela se produit, c'est merveilleux.

8 déc. 2010

Русский Алфавит.


       Comme je termine mon certificat cet automne, j'étais inquiet de passer l'hiver sans avoir de cours à l'Université. J'ai donc décidé de m'inscrire comme étudiant libre pour la session d'hiver 2011. J'adore les langues étrangères, j'adore les cultures nordiques, j'ai découvert récemment la littérature et le cinéma russe. J'aime bien me lancer des défis et je sais que j'ai une  certaine facilité avec l'apprentissage des langues. Je me suis donc dit : pourquoi pas prendre un cours de russe?

       Eh bien, voilà. Je suis officiellement inscrit, je commence le lundi 10 janvier. J'ai vraiment, vraiment très hâte de débuter. Hâte au point que, sachant que l'alphabet cyrillique va représenter un obstacle considérable - le premier gros obstacle, en fait - j'ai décidé de prendre un peu d'avance et de commencer à me familiariser avec l'alphabet russe : Русский Алфавит. C'est pas trop compliqué, il faut briser quelques réflexes dans certaines associations entre les sons et les lettres, ce qui peut être embêtant par moment, mais à la base, c'est rien de monstrueux. Moins ardu que les écritures japonaises ou chinoises, par exemple : avec le cyrillique, on reste dans une expression langagière écrite basée sur des agencements de phonèmes d'un nombre limité.

       Ce qui me complique la tâche un peu, c'est l'écriture cyrillique cursive - les lettres attachées. Un peu comme avec notre alphabet latin, l'alphabet cyrillique présentes des lettres qui changent de forme quand on passe au style cursif, pensez à notre f ou notre r minuscule. Sauf qu'avec le cyrillique russe, sur les 33 lettres de l'alphabet, il y a un nombre beaucoup plus grand de lettres qui changent de forme. Et parfois, elles prennent une forme identique à une de nos lettres latines. Bref, encore des réflexes à briser.

       Je crois que le russe va être un beau défi, pour cet hiver. Si j'aime, je vais certainement continuer avec le second cours, plus avancé. Avec le temps, commencer à bouquiner dans une librairie du quartier russe ne me déplairait absolument pas. Mais avant, je vais commencer par prendre ce premier cours!

       Un ami prend également ce cours, ses intérêts étant semblables aux miens. Ça va faire quelqu'un avec qui pratiquer mon baragouinage de débutant autour d'un thé samovar bien chaud. Autrement dit, une autre source de motivation - et fort probablement de plaisir. Je sens que mon hiver va être très intéressant...

2 déc. 2010

Liberté vs. obligations. (ainsi que crime et châtiment)

L'embarras du choix... ?
       Je l'ai déjà dit, j'aime l'Université. J'aime les portes qu'elle ouvre. J'aime le côté social qu'elle comporte. J'aime l'interaction intellectuelle qui en constitue la base. J'aime la liberté qu'elle apporte.

       La liberté. Mouais. Sauf dans un domaine.

       Choisir quels livres je lis.

       Quand je suis à l'Université, je perds la liberté de lire ce que je veux quand je veux. Si je suis chanceux, les livres à lire sont intéressants - c'est souvent le cas, en fait. Mais même quand les livres sont intéressants, ce n'est jamais la même chose que d'avoir la liberté de choisir sa prochaine lecture, que d'avoir la liberté de passer 20 minutes devant les tablettes de sa bibliothèque pour bien savourer le moment du choix du livre qui va habiter nos temps libres pour les prochains jours. Parfois plus que les temps libres d'ailleurs : d'la marde la lavage, moé je lis.

       Au début de la présente session, j'ai non seulement eu à renoncer à ma liberté de choix de lecture, mais j'ai même été obligé d'abandonner une lecture entamée. Il s'agissait de L'immortalité, de Milan Kundera. Abandonner un livre en cours de lecture? Et un Kundera en plus! Je vois d'ici quelques-unes de mes connaissances se scandaliser à cette idée - vous vous reconnaissez, si vous lisez ceci. Oui, lapidez-moi. Je le mérite.

Fyodor Dostoïevski
       Donc, la liberté du choix de livre. Pour la première fois depuis septembre, ce soir, j'ai eu cette liberté. L'élu : Les carnets de la maison morte, de mon vieux Dostoïevski. Vous comprendrez que ce serait ignoble de ma part que de retourner directement à L'immortalité de Kundera, un livre abandonné en milieu de parcours. Non seulement je dois venir à terme avec ce crime littéraire que j'ai commis (j'ai de la difficulté à me convaincre d'abandonner la lecture d'un livre que je trouve ennuyant, c'est pour moi une question de respect, à la fois envers l'œuvre, l'auteur et moi-même) mais je dois également attendre d'être dans le bon mood pour replonger dans le bouquin en question.

       Je termine donc ce billet en offrant mes plus sincères excuses aux auteurs dont j'ai abandonné une œuvre en cours route :  Franz Kafka, Milan Kundera, Mary Shelley, Léon Tolstoï, et j'en oublie surement.