L'Université, c'est bien. Probablement la meilleure chose qui me soit arrivée. J'aime ce que je fais, et ce que j'aime faire, j'apprends à le faire encore mieux - c'est-à-dire, écrire. Des profs incroyables, des cours intéressants, une gang de nouveaux amis. Mouais, l'Université, c'est bien.
Ceci dit, des fois, c'est moins bien. La session de l'hiver passé, mon cours de roman best-sellers m'a apprit une chose : je ne veux absolument pas écrire de best-sellers. Trop de contraintes, et abandonner ma manière de présenter des idées afin de rendre tout ça plus accessible à un public moins scolarisé (le lecteur de best-seller typique est une femme agée entre 25 et 45 ans n'ayant pas terminé son Cégep; c'est pas moi qui le dit, c'est les statistiques), c'est pas mon idéal de l'expression de soi par l'écriture. Mais j'ai suivi ce cours quand même, me disant que ce serait intéressant de voir un autre aspect de la littérature. Bref, ça n'a pas été mon cours préféré, mais j'y ai tout de même apprit des trucs.
Cette session-ci, j'ai un cours atelier d'écriture télévisuelle. Si best-seller, c'était moins bien, ce cours-là, c'est encore une coche plus bas. « Mais regardez-le donc se plaindre. » Non, je ne me plaints pas : sur une classe de 30-quelques étudiants, nous sommes 3 mâles (hehehe), dont un homosexuel qui s'affiche. Non, c'est simplement que la télévision impose un format encore plus restrictif que le roman best-seller. Si j'ai envie que mon héro meurt dans une explosion, eh bien, je ne peux pas, pour deux raisons : 1- si le héro meurt, je ne pourrai pas tirer plus de jus de mon projet avec une seconde saison et les producteurs ne seront pas contents et 2- faire exploser des choses, ça coûte cher, et les producteurs ne seront pas contents. Bref, ça m'emmerde de me faire foutre des bâtons dans les roues. Si sur papier, je veux me plaire à faire crever toute une ville dans une série d'explosions nucléaires, une fois à la télé, j'ai les mains liées parce que les effets spéciaux coutent trop cher. Si j'ai envie qu'un personnage vive une scène de sexe extra-conjugal incluant la présence d'une chèvre, une fois à la télé, j'ai les mains liées parce que ma case horaire est de 19h à 20h et que les enfants sont encore debout - et puis il y a certainement un usage d'effets spéciaux concernant la chèvre, effets qui coûtent trop cher. Pas que c'est le genre de trucs débiles que j'écris, mais vous comprenez l'idée.
J'ai prit le cours d'atelier d'écriture télévisuelle et je me rend compte que j'emmerde sérieusement la télé. Simplifier mon discours, réduire mes moyens, censurer mes idées, affronter des producteurs. Tout ça alors que je pourrais être devant mon clavier à écrire tout ce qui me tente, de la manière qui me tente. Étrangement, j'en vois pas l'intérêt.
Mais encore ici, j'apprends des trucs. La théorie télévisuelle pour la construction des personnages est intéressante et je me rend compte que, sans la suivre de manière rigoureuse, j'en utilise certains concepts depuis plusieurs années. Autrement dit, j'arrive tout de même à me retrouver quelque part dans ce foutoir. Alors l'Université, c'est bien, même quand c'est moins bien.
Et puis les chèvres, c'est bon.